04 novembre 2009

Les pieds dans l'eau... froide

Une nouvelle mission encore difficile, vous pensiez avoir tout vu, mais là, nous avons passé 14 jours à pécher et à travailler dans l'eau par des temperatures pouvant descendre autour de -10°C. Nous avons péché le lac Pelletier et Beauchastel. Beaucoup de plaisir malgrès les conditions. Toute une aventure dans laquelle nous avons rencontré des brochets monstres, cassé de la glace pour faire passer le bateau, pris l'eau à 3°C lors de chute ou de perçage de waders, et bien d'autres encore...
Nous avons rencontré de nouveaux animaux comme un vison (Neovison vison) très familier, d'autres comme les rats musqués (Ondatra zibethicus) qui malheureusement se noyaient dans nos engins de pêche. Notre petit vison nous mangeait du poisson dans la main, c'était hallucinant.

L'équipe a été excellente encore une fois, efficace et en même temps il y a eu un super partage d'efforts, de galères, de rires, de chansons et d'amitiés, pis d'autres trucs moins glamours.
AVEC...
MARJOLAINE
SIMON
CYRIL
Les obligations pour ce travail:
Avoir des bottes à semelles tracks avec métatarses (au cas ou un poisson nous tombe sur le pied), avoir des lunettes de protection et un casque de chantier (lorsqu'une mouette en lâche une, ça peut atteindre des vitesses folles et ainsi devenir un projectile dangereux pour celui qui la reçoit).
Et mes nouvelles waders en Néoprène pour remplacer celles que j'avait en nylon et plastique qui ont pris l'eau, glaglaglagla... Un vrai luxe côté isolation.
Les moyens de transport:
Nous utilisons deux Zodiacs, qui sont des bateaux vraiment excellents. Confortable, facile à manier, très stable, insubmersible, gonflable, en bref un bateau fiable et pratique.

L'ancien bateau, alias le BARBOTATOR (avec la trappe Alaska, pour vous donner une idée de la taille).
Le nouveau bateau alias PREDATOR.

Les engins de pêche:
LA TRAPPE ALASKA
C'est un engin impressionnant par sa taille et par son efficacité de pêche. Cette trappe est constituée de trois ailes (deux cotés et une centrale d'environs 20-25m de long) qui rabattent le poisson vers une cage constitué d'environs 7 cerceaux qui permettent l'entrée mais empêchent la sortie via un système d'entonnoirs. Le cadre principal fait environs 1,5m de large par 1,2m de haut. Après 24h de pêche, nous avons pu récupérer jusqu'à 150-200 lbs de poissons en majorités vivants. Les poissons capturés par ce système sont souvent petits (ménés) à moyens (barbottes, lottes, petit brochets...). Sa grande ouverture entraîne malheureusement la capture d'animaux non-désirés, comme des rats musqués, voir des castors. La pose est assez difficile du fait de l'encombrement et demande des ancrages solides, mais une fois en place c'est gagnant.

LE VERVEU
Le verveu est dans le même genre que la trappe Alaska, mais de taille plus modeste. Facile a installer, permet de conserver le poisson vivant. C'est un engin efficace, qui permet la capture de poissons de petites tailles comme les barbottes, perchaudes, ménés... Malheureusement, lorsqu'il y a de la barbotte, les ménés disparaissent de ce type d'engin, curieux non.
LES BOUROLLES
Cet engin est constitué d'un treillis métallique et de taille modeste. On l'utilise principalement pour les poissons de très petites tailles. Les petites ouvertures empêchent les gros de passer et ainsi de manger les plus petits pris au piège. On ajoute souvent des appâts à l'intérieur comme du pain ou des morceaux de foie. C'est un engin intéressant pour les secteurs peu profonds avec beaucoup d'herbiers. Les autres avantages sont un faible coût, possibilité de le fabriquer très facilement, conserve le poisson vivant et se pose très simplement.
LES FILETS MAILLANTS
Nous utilisons deux tailles de filet maillant l'un dit "à Cyprins" pour les petites espèces (donc des mailles de petites tailles) et l'autre pour les espèces de grandes tailles (avec de plus grosses mailles). Les caractéristiques communes de ces filets se définissent par le fait qu'ils sont constitués d'une corde lesté et d'une corde flottante qui permettent de maintenir les panneaux à la verticale. Ensuite les deux types de filet sont constitués de trois panneaux dont la taille des mailles varies (petites, moyennes et grandes). Ces engins de pêche sont très efficaces mais limites de beaucoup la graciation des poissons non-désiré, qui meurent facilement.
LES LIGNES DORMANTES
C'est une série d'hameçons sur lequel nous mettons des appâts (vers, foie, pain...). Nous l'avons utilisé ici pour essayer de faire venir le poisson plutôt que d'attendre son passage dans nos engins. Encore là, cette méthode ne permet pas la remise à l'eau des poissons non-désirés.
Les poissons capturés:
Le lac Beauchastel possède une belle densité de poisson, et de taille impressionnante, notamment pour le grand brochet. En même temps, lorsque l'on voit la taille du menu (coregone et cisco), il doit y avoir une belle population de monstre.

LE DORÉ NOIR, Stizostedion canadense

LE CISCO DE LAC, Coregonus artedi
LE GRAND COREGONE, Coregonus clupeaformis

LE GRAND BROCHET, Esox lucius

LA BARBOTTE BRUNE, Ictalurus nébulosus
LA PERCHAUDE, Perca flavescens

LA LOTTE, Lota lota

Les gros prédateurs font les filets... c'est de la bouffe facile !

Une petite série de très beaux brochets, des poissons hallucinants vraiment monstrueux...

Après la pêche, la dissection:
Lorsque nous avons récupéré tous les poissons qu'il nous fallait, soit la barbotte et le méné jaune, nous procédons à la récupération des organes nécessaires pour l'étude. Dans cet optique, nous endormons les poissons (anesthésie), puis nous effectuons une décérébration pour tué l'animal et enfin nous disséquons.
Le prélèvement de sédiments:
La prise de sédiments consiste à utiliser une mâchoire que l'on laisse descendre au fond de l'eau, et par un mécanisme à ressort, elle se referme lorsqu'elle atteint le fond. De cette manière, nous pouvons ramener du substrat. Ce prélèvement est particulièrement physique puisque la "benne" est pesante, et qu'elle le devient encore plus lorsque nous la remontons. Faites cette opération plusieurs dizaines de fois, vos bras deviennent particulièrement contractés voir douloureux, en bref que du bonheur, cela s'appelle l'effort.
Lorsque nous ouvrons la machoire, il arrive parfois que les sédiments, en tombant explosent, et que l'on se fasse asperger ("dégueulasse", il faut le dire).

La partie vraiment difficile de cette mission fut la résistance au froid. Passer des journées dans l'eau par des températures vraiment pas sympathiques, ce n'est pas ce qu'il y a de plus relaxant pour le corps et pour le moral. Voici quelques photos pour illustrer les conditions dans lesquelles nous avons travaillé au cours de ce contrat.

La navigation en eau froide...

Aucun problème !

Au bout d'un moment les nerfs lâchent et c'est le craquage complet, la folie nous gagne, en bref, le cerveau gèle totalement...
Une petite vidéo montrant les ravages du froid...

Quelques photos en vrac...

Quelques brochets pris dans les filets ont pu être relâché vivant.
Faut croire que j'en ai jamais assez.
On peut sentir tous les liens que l'on a lors de ces expéditions. Attention à ne pas se méprendre, Simon va être papa et moi, bah j'ai ma petite femme. N'ayez pas l'esprit tout "croche"!

Le froid, et encore le froid...

Et tout à la fin, on se sent un homme, un vrai... comme les coureurs des bois d'antan...

Et oui, un vrai gars fatigué...